L'histoire de l'IAT en détails

Logo de l'Institut AéroTechnique, juillet 1911L'aviation naît pratiquement avec le siècle et se développe d'une manière relativement empirique.
Elle ne saurait progresser sans la connaissance des lois de l'aérodynamique.
C'est ce qui conduit Henry Deutsch de la Meurthe à doter la France d'un laboratoire assez vaste pour contenir les moyens expérimentaux propres à étudier ces problèmes.

"A la fin du mois de mai 1910, ce grand mécène offre à I'Université de Paris une somme de 500.000 francs pour la création d'un Institut Aérotechnique où seraient poursuivies les recherches théoriques et pratiques tendant au perfectionnement des engins de locomotion aérienne sous toutes ses formes."
Après bien des recherches pour définir le lieu d'implantation, le choix se porte sur un emplacement situé sur le territoire de Saint-Cyr l'École, contigu au champ de manoeuvres de l'école militaire.
Les travaux sont entrepris sans retard de sorte que l'ensemble des laboratoires peut être inauguré le 6 juillet 1911. La superficie du terrain sur lequel sont construits les bâtiments est alors de 72.000m² dont 3.840 m² de surface couverte par les bâtiments.

Chariot à héliceA cette époque, deux techniques d'essais aérodynamiques sont en concurrence : l'une utilise le déplacement des maquettes dans l'air immobile (test d'hélice sur chariot), l'autre, le déplacement d'une veine d'air qui circule autour des maquettes immobiles (souffleries).

Pour l'Institut Aérotechnique de Saint-Cyr, nouvellement créé, le choix est fait d'orienter le laboratoire vers l'utilisation de méthodes expérimentales du premier type. À cet effet, une voie ferrée de 1.300m de longueur est équipée de chariots porte-modèles (voilures ou hélices propulsives), ces chariots sont mus par des moteurs électriques à courant continu d'une puissance voisine de 100kW, la vitesse maximale atteinte est de 25m/s.

Un bâtiment circulaire de 38m de diamètre est ajouté en 1912 aux locaux existants. Ce bâtiment abrite un manège aérodynamique constitué par un bras tournant portant les maquettes à étudier (vitesse circonférentielle de la maquette : 30m/s). Ce manège complète l'installation précédente.

Des recherches entreprises à partir de 1909 par Gustave Eiffel, à son laboratoire du Champ de Mars, aboutissent en 1911 au dépôt d'un brevet qui concerne un dispositif (diffuseur placé en sortie de veine d'expériences), ayant pour but d'augmenter le rendement énergétique des installations destinées à créer des courants d'air artificiels (souffleries).

Réquisition des locaux de l'IAT pendant La Grande GuerreEn 1914 est décidée la construction à l'IAT de Saint-Cyr d'une soufflerie n°1 fonctionnant par aspiration et utilisant le nouveau dispositif mis au point par Gustave Eiffel.
Pendant la première guerre mondiale, les locaux de l'Institut de Saint-Cyr sont fermés et affectés à l'armée : plus de 3000 soldats y seront cantonnés.

En 1916, un accord est passé entre le Ministère de la Guerre et le Ministère de l'Instruction Publique. Aux termes de cet accord, le laboratoire sera mis à la disposition de l'armée jusqu'à la fin des hostilités.
C'est donc sous la tutelle de la Section Technique de l'Aéronautique militaire que sera terminée la construction de la soufflerie n°1 (Veine d'essais : 2m de diamètre, vitesse maximale 40m/s).

En septembre 1920, sur la proposition du Comité Consultatif permanent de l'Institut Aérotechnique est établi un contrat de location entre l'Université de Paris et le Directeur du service Technique de l'Aéronautique.
Durant la période qui s'étend de 1920 à 1933, parmi les grands travaux effectués, est à signaler la transformation du manège aérodynamique d'utilisation difficile, en un manège hydrodynamique, par adjonction d'un canal circulaire torique de 27m de diamètre et d'une contenance de 1.600m3. La vitesse maximale atteinte par la maquette de carène entraînée par le bras tournant est de 17m/s. Ce manège sera utilisé jusqu'en 1950 et permettra notamment la mise au point des coques de tous les hydravions français.

Manège aérodynamique   Manège hydrodynamique

En 1933. le service des Recherches de l'Aéronautique est supprimé. Paul Painlevé alors Président du Conseil d'Administration du C.N.A.M. propose à Albert Toussaint, Directeur de l'IAT de Saint-Cyr, le rattachement du laboratoire au Conservatoire National des Arts et Métiers. Une loi de finances en date du 31 mars 1933 entérinera ce transfert.
Cette nouvelle affectation ne nuira pas à l'étroite collaboration qui a toujours été de règle entre le Service Technique de l'Aéronautique et l'Institut Aérotechnique de Saint-Cyr.

De nombreuses subventions du Ministère de l'Air permettront la construction de nouvelles installations. En particulier, en 1936, sera réalisée grâce à une aide financière du S.T.Aé., la soufflerie n°2 (1.8m x 2.2m, vitesse maximale 55m/s).

Pendant la seconde guerre mondiale, l'Institut Aérotechnique de Saint-Cyr est occupé par les troupes allemandes. Durant cette période l'activité d'essais est extrêmement réduite et une partie des instruments de mesure du laboratoire est transférée en Allemagne. 1945 correspond au renouveau de l'aviation française et c'est à partir de cette période que vont être développées de façon importante les installations d'essais de l'IAT de Saint-Cyr.

En 1985 s'étendant sur un terrain dont la superficie a été ramenée, en raison du développement important du réseau routier local, de 72.000m² à 40.278m², dont 10.000m² de surface bâtie, l'Institut Aérotechnique de Saint-Cyr dispose de 10 souffleries. Dans ses installations peuvent être effectués tous les essais concernant le déplacement des fluides autour d'obstacles fixes ou à l'intérieur d'installations les plus diverses et ce, pour des vitesses qui dans le cas de l'air sont comprises entre quelques mètres par seconde et 5.000km/h.

Les réserves énergétiques du laboratoire sont relativement importantes. En ce qui concerne l'air comprimé, un ensemble de réservoirs de 700m3 de capacité totale, à 20 bars, est alimenté par trois compresseurs (débit total 1.08kg/s). Une réserve d'eau chaude sous pression également importante est constituée par un ensemble de réservoirs de capacité totale de 120m3 dans lequel est stockée de l'eau à 65 bars et 558°K. Le générateur qui alimente cette installation a un débit horaire de 53m3.

Enfin, en plus des souffleries, de très nombreux ventilateurs dont le débit maximum varie de quelques dixièmes de kg/s à 13kg/s complètent l'équipement du laboratoire.

La création des souffleries

1950 Soufflerie sonique

(n'est plus actuellement en fonctionnement)

  • Diamètre 0.85m
  • Nombre de Mach d'essai max. 0.83
  • 2 moteurs d'avions allemands JUMO 211 F de 1400 CV
  • Construite avec la participation financière de l'Arsenal de l'Aéronautique et du C.N.A.M

 

1953 Soufflerie supersonique SIGMA 2

(n'est plus actuellement en fonctionnement)

  • Section de veine rectangulaire : 0.25m x 0.14m
  • Variation continue du nombre de Mach : 0.3 à 1.8
  • 1 moteur JUMO 211 F
  • 4 compresseurs de moteur Arsenal 24 H
  • Participation financière du C.N.A.M

 

1957 Soufflerie supersonique SIGMA 3

(n'est plus actuellement en fonctionnement)

  • Section de veine carrée : 0.35m x 0.34m
  • Variation continue du nombre de Mach : 0.3 à 1.7
  • 1 trompe à induction à air
  • 1 réacteur d'avion SNECMA ATAR 101 B2
  • Construction subventionnée par le Ministère de l'Education Nationale

 

1960 Soufflerie supersonique SIGMA 4

(n'est plus actuellement en fonctionnement)

  • Section de veine carrée : 0.85m x 0.85m
  • Nombre de Mach variable : 0.4 à 2.7
  • 4 trompes à eau chaude
  • Construction subventionnée par le Ministère de l'Air

 

1968 Souffleur industriel

(n'est plus actuellement en fonctionnement)

  • Section de veine : 6.6m²
  • Vitesse maximale : 23m/s
  • Puissance moteur : 169kW
  • Essais d'automobiles : échelle 1/ 1
  • Construit avec la participation financière de RENAULT et du C.N.A.M.

 

1971 Soufflerie supersonique SIGMA 4b

(n'est plus actuellement en fonctionnement)

  • Section veine carrée : 0.5m x 0.5m
  • Air comprimé + 4 trompes à eau chaude de SIGMA 4
  • Nombre de Mach variable : 2.8 à 5
  • Construction subventionnée par le Ministère de l'Air

 

1972 Soufflerie veine longue SVL

  • Section de veine : 1.8m x 2.2m
  • Longueur de veine : 15m
  • Vitesse maximale : 40m/s
  • Puissance du moteur : 150kW
  • Construite à l'aide d'un financement de la S.N.C.F.

 

1976 Soufflerie S4

  • Section de veine : 5m x 3m
  • Vitesse maximale : 40m/s
  • Puissance des moteurs : 520kW
  • Essais d'automobiles : échelle 1/1
  • Construite avec la participation financière de RENAULT, des automobiles PEUGEOT et du C.N.A.M.

 

1981 Soufflerie S6

  • Section de veine : 6m x 6m
  • Vitesse maximale : 20m/s
  • Puissance des moteurs : 750kW
  • Essais de grands véhicules routiers : échelle 1/1
  • Construite avec la participation financière de BERLIET et SAVIEM (R.V.I.) et du C.N.A.M.

 

1984 Soufflerie S10

  • Section de veine : 5m x 3m
  • Vitesse maximale : 55m/s
  • Puissance des moteurs : 1000kW
  • Essais d'automobiles : échelle 1/1
  • Construite avec la participation financière de RENAULT et du C.N.A.M.